« NON, mon seigneur, je ne suis pas ivre !
Mais je suis très malheureuse et j’épanchai mon cœur devant l’Eternel…
Si j’ai prié aussi longtemps, c’est parce que mon cœur débordait de chagrin et de tristesse. »
1 Samuel 1 – 15/16
Un cœur vrai et lucide
Quel courage et quelle dignité ! Quelle lucidité aussi.
Anne a su assumer ses émotions face à l’incompréhension d’Eli, le sacrificateur vieillissant.
Elle est courageuse. La prière permet d’épancher sa douleur dans un lieu saint et sécure.
Anne sait par instinct que la Vie, la Réponse est là dans le Lieu secret…
Voilà comment prier !
Ainsi, la présence de Jésus, l’homme de douleur, parfaitement Homme et parfaitement Dieu, brisé dans sa chair nous assure cet espace de liberté où nous venons sans honte déposer nos douleurs. Je dis déposer mais c’est un mot bien faible, je devrais écrire : balancer, jeter, exposer, cracher…
Il faut prendre son temps dans la présence de son Dieu.
Point de mantras ni de magie au creux de l’Amour fidèle.
C’est l’humble et lumineuse rencontre d’une femme brisée, à bout de souffle, avec son Seigneur.
Anne, c’est un peu Marie au tombeau, le matin du troisième jour.
Un désespoir sans fin, des larmes : « Je ne sais pas où ils l’ont mis ! »
Toutes deux cherchent dans la nuit et elles vont trouver.
Anne et Eli : un dialogue de sourd ?
Eli était institué comme la plus grande autorité d’Israël. Malgré ses manquements, son apathie spirituelle, il a joué un rôle important dans la vie d’Anne. Sans le vouloir vraiment.
Les choses avaient pourtant bien mal commencé entre eux.
Lui, autiste, blindé dans son jugement, prisonnier des apparences, aveugle à la souffrance.
Elle, indécente et sans pudeur dans ce lieu dédié aux sacrifices, à la prière de tout un peuple.
Et Anne a passé le test !
« Va cuver ton vin ! »
Révoltant non ? La réponse cinglante du grand-prêtre percute Anne en plein cœur !
Mais elle ne se résigne pas.
Elle sait bien ce qu’elle est, ce qu’elle ressent et ce qu’elle désire
Ne pas céder à l’esprit d’intimidation, à l’injustice, telle est sa ligne de conduite.
Elle ne se tient pas devant les hommes mais devant Son Dieu et la crainte de l’Eternel la galvanise.
Un NON retentissant lâché sans rancœur mais avec force. Un aveu qui a dû réjouir les anges et fait s’enfuir les démons de mensonge.
Le Dieu d’Israël va exaucer sa prière. La bénédiction d’Eli va la suivre.
Le triomphe de la foi
Et l’enfant conçu sera le premier grand prophète d’Israël : une bénédiction extraordinaire pour un peuple qui a perdu depuis le temps des juges le sens de sa destinée.
Samuel est le fruit de l’humiliation, de la stérilité, de la foi et de la persévérance d’une femme et le gage de l’Amour de Dieu pour les humiliés et les stériles !
En remettant son enfant entre les mains d’Eli, Anne accomplit un deuxième acte de foi.
Elle honore la promesse qu’elle a faite à l’Eternel au jour de sa détresse.
En apportant année après année un petit vêtement au temple pour son garçon, elle accomplit un acte prophétique.
Elle revêt son enfant de l’onction qui l’accompagnera, pureté et vérité.
Elle le porte dans sa destinée, le bénit.
C’est un sacrifice immense consenti par un cœur pétri d’amour pour son Seigneur.
Ne sous-estimons jamais la puissance de la prière d’une mère.
Un avenir béni.
En conséquence de sa foi, Anne a prospéré.
Elle a eu d’autres enfants, des fils et des filles.
Les enfants sont un don de Dieu. Qu’ils soient conçus dans l’exaltation de la jeunesse, dans les temps de disette ou dans les larmes, ils sont toujours une marque de la faveur du Créateur.
Les vies enfantées dans la vieillesse après moult combats et déchirures sont les héros de demain. Les Israël, les Jacob, les Jean-Baptiste. Ils sont forts. Forts de la détermination de leurs parents qui ont vu comme voyant l’invisible et cru en dépit de tout !
Ainsi, Dieu redonne au centuple. Il est le DIEU des enfantements, des recommencements, de la résurrection.
Alors prenons courage, il entend nos larmes et nous sauvera !